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 Visuel jpeg (cliquer/déplacer) L'Assomption de Philippe de Champaigne
 Visuel jpeg (cliquer/déplacer) Champaigne pour tous ! l'affiche
 PDF Champaigne pour tous ! Parcours Pictural Champaign/Paris le programme
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Saint-Julien-en-Beauchêne
possède un « trésor », sous la forme
d’un
très grand tableau représentant l’Assomption, du
célèbre peintre
français Philippe de Champaigne (1602-1674).
Cette peinture provient de la chartreuse de Durbon, située
sur le territoire du village.
Cette œuvre est classée monument historique ; à ce titre,
elle a été
restaurée, et a déjà été
exposée dans plusieurs musées français et
étrangers.
L’Assomption a inspiré un artiste contemporain :
Jacques Paris.
Depuis les dessins, en passant par les Variations baroques, les
Manteaux et les Anges , et les subtiles Méditations, il nous
donne à
voir « son » Assomption.
C’est à un parcours pictural entre 17ème et 21ème
siècles que vous êtes invités.
Il est jalonné, dès l’entrée du village, par les
œuvres de Jacques Paris exposées à l’hôtel Les
Alpins. Puis, sur les façades des maisons, les fragments
colorés de l’artiste vous invitent à cheminer vers
l’église Saint-Blaise.
Là, vous vous retrouvez face au tableau de l’Assomption de
Philippe de Champaigne, accompagné, sur les murs
latéraux, des œuvres de Jacques Paris : « Manteaux
», « Anges » et «
Méditations ».
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Merci Philippe !
" J’ose espérer que vous ne me
trouverez pas trop familier en vous appelant par votre prénom.
Vous remarquerez que je n’aborde pas le tutoiement. Il y a quand
même des limites à la bienséance !!!
Vous commencez à
m’être tellement proche que je ne peux m’empêcher de vous
appeler Philippe.
Sans le savoir vous
m’avez accompagné depuis fort longtemps, quelques portraits de
Richelieu cachés dans les « Lagarde et
Michards » pendant une scolarité poussive m’avait
déjà éveillé l’œil. Et puis au gré
des visites
culturelles votre
présence surgissait imposante parfois discrète que ce
soit à Port Royal, au Sénat où dans d’autres lieux
historiques.
Mais surtout je vous sais
gré de ce tableau L’Assomption que vous avez créé
pour les Chartreux de Durbon. En effet grâce à lui vous
avez pu
réveiller au
21ème siècle notre patrimoine et notre curiosité
culturelle. Nous avons été présents avec vous
à Lille, à Genève lors de cette
magnifique exposition de
toutes vos œuvres.
Toujours grâce
à lui cette rencontre avec votre complice Jacques (Paris)
au-delà des siècles n’est-elle pas magnifique !
Et pour en rajouter
à cette soif jamais calmée je souhaite que votre
collègue au style
bien différent du vôtre, mais peu importe, Paul (Signac)
se joigne à nous pour d’autres utopies.
Sans être la
grenouille qui se veut aussi grosse que le bœuf, n’est-ce pas
un splendide message :
que, grâce à la culture et à l’art, des communes et
des habitants aussi différents aient pu se trouver et partager.
La culture et l’art sont
universels, sachons les préserver et les propager,
l’humanité ne s’en portera que mieux.
Vous avez toute ma
reconnaissance pour tous ces moments forts que j’ai vécus et que
je vis grâce à vous.
Encore toute ma
respectueuse considération, veuillez recevoir, Cher Philippe,
l’expression de mes sentiments distingués. "
Jean-Claude
Gast
Maire de Saint-Julien-en-Beauchêne
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« L’Assomption de
Saint-Julien-en-Beauchêne, 1671… constitue un repère
essentiel dans l’activité de Philippe de Champaigne à la
fin de sa vie. … Vision céleste très concentrée et
en même temps si largement orchestrée,
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imposante et légère à
la fois, où la
lumière révèle de façon presque
obsessionnelle les choses tout en les
soustrayant au contingent…. »
Alain
Tapié
Conservateur en chef du
Musée des Beaux-Arts de Lille
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Eloge d’une courtoisie réciproque
" Le public venu à
Saint-Julien-en-Beauchêne, canton d’Aspres-sur-Buëch dans
les Hautes-Alpes, sait-il ce que sont les Chartreux, l’Assomption de
Marie, le dogme mariologique, la dévotion à la Vierge,
l’apparition de la Madone en 1664 à Saint-Etienne-le-Laus, une
commande artistique, la vie à Bruxelles en 1602, la mort
à Paris en 1674, Durbon avec ses mines de fer, de cuivre et de
plomb, sa forêt et son prestigieux passé ?
Les peintres et
sculpteurs, utilisent depuis le haut Moyen Age la couleur dite bleu
marial pour colorer la robe de la mère de Jésus.
La Toile est au XXI°
siècle un écran informatique. S’y connecter permet de se
répandre et d’accéder en tous lieux et tous moments
à des informations et à des contacts. Les distances
métriques sont abolies. Le rapport au monde a changé :
les moments d’écoute et de vision s’accélèrent.
Les intervalles de temps rétrécissent. La durée
d’existence rallonge. Nos facultés d’attention sont
sollicitées par des images renouvelées au rythme des
secondes,… Etre contemporain des autres exige d’être
positionné en réseau et en mobilité
A la grande Chartreuse,
une communauté d’hommes de foi vit en silence dans des cellules
individuelles. Ils prient 8 fois par jour...
De nouvelles
appartenances se créent. D’autres dépendances se tissent.
Les liens sociétaux se dupliquent et s’effilochent. Les savoirs
enseignés se diluent. Le copier-coller se propage.
Avec l’Assomption de la
Vierge, unique et dupliquée, présentée dans
plusieurs lieux de culte, l’église catholique propose un moyen
de cheminer vers Dieu. La mère de Jésus, au terme de sa
vie terrestre, est élevée au ciel. Le 15 août en
est la célébration.
Au XVIIème
siècle, les artistes se devaient d’avoir un génie
immortel. Aujourd’hui, ils ont encore des vertus. Ils sympathisent avec
nos émotions. Ils questionnent l’espérance, la
souffrance, l’effort, la patience, la vie, la mort, la
résurrection, le multiculturalisme… la pérennité
et les mutations de l’être au monde.
L’Assomption peinte par
Philippe de Champaigne se trouvait dans le chœur de l’église de
la maison haute de la Chartreuse de Durbon. Les bâtiments ont
été vendus, certains démolis. Leurs pierres ont
été réemployées pour construire des
maisons dans les alentours… L’œuvre est maintenant
conservée dans l’église paroissiale de
Saint-Julien-en-Beauchêne.
La composition picturale
est épurée. Le manteau Bleu Céleste enveloppe la
robe Rouge Passion. La Vierge est enlevée par le mouvement
ascendant des anges.
D’un trait vif et
précis, répétant le même sujet en le
multipliant dans des dispositions nouvelles, Jacques Paris questionne
la pensée et le sentiment. Il fragmente la composition, disperse
la lumière, adoucit la manière.
Sur plusieurs niveaux
d’ébauches et de lecture, il croque le portrait d’une rencontre,
celle qu’il vit avec le peintre Philippe de Champaigne.
Il part à sa
rencontre.
Il questionne le
chef-d’œuvre commandé en 1671, classé en 1906 au titre
des Monuments Historiques.
Il esquisse le contexte,
décrit le sujet choisi, étudie le paysage, parcourt les
ruines de la Chartreuse.
Il s’approprie le tout.
Il fixe pour préalable d’être agréable et
sévère, généreux et exigeant.
Zélé dans
sa démarche, inspiré par le génie de Philippe de
Champaigne, il entre dans son alchimie. Il fouille sa manière de
peindre, s’enfonce, creuse, capte, divise.
D’un artiste à
l’autre, l’œuvre se libère de son temps. Elle nous fait
entendre d’autres tonalités. D’inimaginables accords virtuoses
s’harmonisent. Le tableau pénètre les dessins, les
couleurs du carnet de croquis de Jacques Paris.
Les deux approches
trouvent leurs connections, forment un corps.
L’histoire est un
assemblage labyrinthique dans lequel les concepts, le réel et la
beauté sont blottis.
L’art contient une
myriade de possibles et de repères. Il donne de la clarté
à la connaissance de nos aïeux. Il singularise notre
approche. Il permet d’ordonner le temps, de placer un récit, de
distribuer des données.
Entre nos yeux,
L’Assomption de Philippe de Champaigne convoque nos facultés
d’émotion, d’intuition, de mémoire et d’imagination. Nous
n’avons plus à en retenir la chronologie. Notre approche doit
aller au-delà d’un savoir distribué par section,
discipline ou catégorie… Notre accès à l’œuvre, au
lieu de superposer tous ces plans de connaissances, implique un
engagement, un don, celui de l’instant du regard et de la
quiétude de la méditation, celui du moment de la
présence, celui de l’instant à soi.
Aller vers l’œuvre, c’est
traverser une part sincère de nous-mêmes.
Suivre le peintre, c’est
tailler avec lui dans le détail, adopter sa langue sans pour
autant la parler, entrer dans sa vérité sans la mimer.
Avec le temps, le tableau
de la Chartreuse de Durbon tient tout seul. Il ne sert aucun discours
en particulier. Il gagne en voix humaines.
Jacques Paris dessine sa
lecture inventive de l’œuvre. Il décrypte l’insaisissable
dans son cahier de croquis. Il le projette partout dans l’espace de
Saint-Julien-en-Beauchêne. Postulant que tout est à
réinventer, il prend appui sur la rencontre et le cheminement
qu’ils soient matériels, affectifs ou immatériels.
Il nous implique pour
fouiller L’Assomption de la Vierge. Il fait surgir ce qu’elle peut
encore éveiller de curiosité et conscience.
Là réside
une subjectivité qui appartient à chacun : l’un percevra
la lumière, l’autre le trait, le troisième le vide ou le
symbole…
La nouveauté est
que nous pouvons habiter cette œuvre, y pénétrer corps et
âme, lui porter attention, comprendre son éloquence et
trouver la nôtre.
Jacques Paris est un
peintre de l’esprit. Il médite partout. Il observe,
relève, légende, exécute des croquis et des lavis.
Il entremêle lignes et clair-obscur.
Il nourrit sa pratique
d’historien de l’art et d’enseignant pour cultiver le regard et
l’approche de l’autre.
Le trait, les encres
produites et reproduites, fragmentées et variées, font
sonner dans les rues de Saint-Julien-en-Beauchêne une rumeur
particulière. Jacques Paris ensemence le village. Il nous
conduit aux hasards de l’œuvre, révèle la trace du sillon
des chartreux, découpe, externalise et délivre
l’élévation de la Vierge sur d’autres formats. Il se joue
du privé, public, éphémère, permanent…
Distancié de
L’Assomption, Jacques Paris s’écarte du savoir, parvient au
vide, à sa lumière transparente et diaphane, au rien… Il
fixe une fraction, mesure les transitions, évalue la
pensée qui change. Il écrit des trouées. Il passe
par des pages-recueils qu’il efface et déconstruit. Son voyage
se déroule par morceaux. Chaque extrait donne un accès
pour tous, Il défait le point de gravité de l’ensemble.
Il déstabilise le champ de force de toute composition convenue.
Il préfère la périphérie, le gué et
le franchissement d’une dimension à l’autre.
Placées dans le
quotidien de l’été 2012, les esquisses et peintures de
Jacques Paris, entremêlent le vieil état des choses
à l’actuel, créent des interstices, nous invitent
à nous déplacer d’une tonalité à une autre.
Pour voir se manifester
notre Humanité, il faut être préparé.
Passages, bordures,
dégradés colorés, formats modestes,
revêtent, tel un Manteau de fête, le village de
Saint-Julien-en-Beauchêne. Cette approche à partir de la
médiation de Marie forme un tissu relationnel où les
parcours personnels et les sensibilités de chacun se
mêlent avec courtoisie. Alors, Champaigne
pour
tous
! "
Frédérique
Verlinden
Conservateur en chef
Musée-Muséum Départemental de Gap
Avril 2012 - Extrait du
catalogue.
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